Cépage emblématique de la vallée du Rhône, parti à la conquête du monde après avoir failli disparaître, l’histoire du Viognier est pleine de rebondissements. Roi des appellations de Condrieu, Château Grillet et de Côte-Rôtie, le Viognier est apprécié pour ses qualités aromatiques, sa fraîcheur, ainsi que sa finesse. Malgré sa présence au sein de grands crus français, il reste néanmoins encore assez méconnu, bien qu’il gagne à l’être, depuis une quinzaine d’années et son départ vers le nouveau monde.
Après avoir découvert le Mourvèdre, partons à la découverte de ce cépage et de son histoire haute en couleur, et découvrons ses particularités.
Les origines du Viognier
Le Viognier est un cépage plutôt ancien. C’est l’empereur romain Probus qui l’aurait apporté en vallée du Rhône (un empereur romain du IIIe siècle connu pour avoir été le restaurateur de la viticulture gallo-romaine).
A l’origine, il était essentiellement cultivé dans la vallée du Rhône Septentrionale (entre Vienne et Valence). Il s’est ensuite exporté dans le sud de la France et dans plusieurs régions du monde.
L’épisode du phylloxéra, puis la Première Guerre mondiale, ainsi que la crise des années trente et l’industrialisation de la région, ont fortement fait chuter le nombre d’hectares de vignes de Viognier. Il ne représentait, par exemple, que 8 hectares de vignes en 1965, l’équivalent d’une petite exploitation agricole.
Mais ses qualités, et le travail des vignerons de Condrieu ont permis son développement, à Condrieu premièrement, puis dans la vallée du Rhône méridionale, ensuite dans le sud de la France, et enfin dans le monde entier depuis les années 2000.
Le Viognier en France et dans le monde
Quelques chiffres
Le Viognier représente près de 5 500 hectares de vignes en France aujourd’hui. Elles sont réparties entre la Vallée du Rhône principalement, puis le Languedoc, la Corse, l’Ardèche ou le Gard.
En Australie, le cépage représente 1400 hectares de vignes, tandis qu’il en représente 1200 hectares aux États-Unis.
En France
Le Viognier est beaucoup cultivé dans les vignobles de Condrieu et d’Ampuis. On l’utilise aussi fréquemment pour la production de vins monocépages dans le sud de la France, principalement en Languedoc-Roussillon.
Le Viognier appartient aux encépagements des appellations Condrieu, Château Grillet et Côte Rôtie. C’est au Château Grillet que sa légende est née. En effet, le cépage fut, à une époque, presque exclusivement cultivé au sein de ce domaine.
Dans le monde
A l’étranger, le Viognier est également présent aux États-Unis, plus précisément en Californie, Virginie et Géorgie. Dans ces régions, il est vinifié seul, ou en complément d’autres cépages comme le chardonnay, le chenin blanc ou le colombard.
On le cultive et on l’apprécie beaucoup en Australie, où il représente 70% de la surface plantée en blanc. Comme en France, on l’utilise parfois en complément de la syrah. C’est Peter Wall, viticulteur et producteur australien qui a importé le cépage. Après l’avoir découvert en France, il a été le premier à l’acclimater avec succès en Australie.
En Europe, il est également présent, en petites quantités au Portugal, en Italie, en Grèce et en Espagne.
Les particularités du Viognier
La culture
Le Viognier est un vin blanc de qualité, doté d’une grande finesse et très parfumé. La plupart du temps, il produit un vin assez gras, presque liquoreux et onctueux. C’est un cépage qui nécessite beaucoup d’ensoleillement pour pouvoir développer tous ses arômes. Et il résiste assez bien à la sécheresse.
Le Viognier se caractérise par des petites grappes compactes, à petits grains et à peau épaisse de couleur blanche et ambrée.
C’est un cépage peu fertile, avec un rendement de seulement 30 hl/hectares, lors des bonnes années. C’est un cépage au débourrement assez précoce, ce qui l’expose aux gelées du printemps. D’où son acclimatation dans des régions assez chaudes.
Les arômes
La force du Viognier est sa capacité à allier acidité et rondeur, le tout avec une richesse aromatique exceptionnelle. En effet, ce cépage est très riche en arômes, les principaux étant chèvrefeuille, citron vert, abricot, des notes boisées ou encore de miel. Certains s’amusent à dire que son nom viendrait de la contraction des mots « vigne » et « citronnier », pour son petit goût acide et relevé.
Le Viognier et la Syrah, une histoire d’amour
C’est avec l’autre cépage indigène de la vallée du Rhône, que le Viognier se marie le mieux : la Syrah. Ils sont aussi proches que le sont leurs lieux de prédilection : la Côtes-Rôtie du Syrah, et Condrieu pour le Viognier.
Le Condrieu est d’ailleurs la seule appellation des Côtes-du-Rhône septentrionale à pouvoir ajouter du Viognier (pas plus de 20%). Et le résultat est grandiose : un apport de moelleux, de fraîcheur, de finesse, d’élégance et d’arômes.
Comment déguster le Viognier ?
Le Viognier peut également être un vin d’apéritif, mais il est avant tout un vin de plats, à déguster en mangeant.
Au niveau des accords mets et vins, il s’accorde bien avec des poissons et fruits de mer, ainsi qu’avec de la viande blanche. On l’apprécie également avec du fromage de chèvre (la rigotte de Condrieu pour rester très local), ainsi que des asperges.
Les vins issus de Viognier s’accordent assez souvent également avec des plats asiatiques. Par exemple, la cuisine thaïlandaise et vietnamienne, ainsi que les sushis japonais.
Le Viognier est un cépage qui donne des vins très parfumés et qui n’exige pas spécialement d’aération avant la dégustation.
Ses qualités, ainsi que ses besoins et le climat dans lequel il s’épanouit le plus, font du Viognier l’un des grands cépages blancs d’avenir. Affaire à suivre…
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