Aujourd’hui nous avons décidé de remonter loin, très loin dans le temps. Direction l’Antiquité, et plus précisément Rome, célèbre pour ses banquets et festins. Quelle était la place du vin dans cette ville légendaire, à cette époque fastueuse ?
Le vin : une boisson populaire
Dans la Rome Antique, le vin est un produit de première nécessité. Tout le monde y a accès. D’ailleurs, dans son traité d’agriculture, Caton souhaite octroyer 260 litres de vin par an à n’importe quel esclave. On peut donc imaginer que la consommation des habitants des villes est probablement largement supérieure. L’administration veillait en outre à ce que les denrées alimentaires, vin inclus, soient toujours à bas prix. Ainsi le vin était accessible à toutes les classes de la population.
Le vin est bu au quotidien, chez soi. Il accompagne toujours le pain. Lors des banquets, hommes et femmes en boivent pendant le repas. Les convives eux boivent des vins de différentes qualités en fonction de leur rang social. Le peuple peut aussi boire du vin dans les tavernes, où hommes libres, pauvres, affranchis, esclaves et prostituées se côtoient. Les tavernes constituaient d’ailleurs un lieu privilégié pour la plèbe, si bien que les beuveries, bagarres et émeutes étaient habituelles.
On boit le vin vieux et… coupé à l’eau !
Déjà à l’époque on savourait les grands crus vieux. Selon le vin, on pouvait le garder entre 5 et 25 ans avant sa consommation. Le vin de consommation courante était, lui, mélangé à plusieurs ingrédients pour améliorer son goût. Mais un des points les plus importants sur la consommation de vin à l’époque romaine choquerait aujourd’hui : on le coupait à l’eau ! C’était d’ailleurs l’élément qui permettait de distinguer les peuples civilisés des peuples barbares. Les peuples barbares étaient considérés comme incapables de gérer leur appétence pour l’ivresse, là où les peuples civilisés faisaient preuve de clairvoyance en coupant leur vin pour en atténuer les effets. On considérait, de plus, que ne pas couper son vin était dangereux pour la santé !
Que buvait-on à Rome ?
Beaucoup des vins de l’époque romaine étaient essentiellement liquoreux ou blancs. D’un côté on avait la production de grands crus, de l’autre, une production de masse plus locale et moins renommée. Trois grands crus ressortent du lot : le Falerne, le Cécum et l’Albanum. Leur production se concentre entre Rome et Pompéï, région où l’on retrouve l’essentiel de la haute société romaine. Rome était pour sa part entourée de vignobles de masse pour assurer la consommation de la population d’alors (entre 700 000 et 1 million d’habitants). La plèbe boit de la Lora et de la Vappa, des vins de petite qualité.
Le vin était donc une boisson populaire accessible pour toutes les classes de la société. Coupé à l’eau, on classait déjà les vins en fonction de leurs qualités. La production s’est ensuite diversifiée et a évolué en même temps que les techniques de vinification… et que les goûts ! Cette perception du vin comme boisson essentielle et que tous pouvaient consommer a perduré dans le temps (avec quelques périodes d’interdiction) et s’est étendue dans le monde. Il y a moins d’un siècle, par exemple, on servait encore du vin aux enfants dans les écoles primaires en France !
Pour en savoir plus, le Vin Rome Antique d’André Tchernia, paru aux éditions Glénat en 1999.
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Le vin le plus prisé par la haute bourgeoisie romaine était le Caecubum (1er et 2eme siècle avant JC) Il a disparu quand Néron a détruit le vignoble en voulant créer un canal. Certains cépages non référencés ont été retrouvés sur les lieux de production « Monti Cecubi » (dont dérive le nom Caecubum). Nous pouvons donc aujourd’hui gouter à nouveau le Caecubum produit sur le site d’origine avec (très vraisemblablement) les cépages d’origine.
Le Falernum est à nouveau produit sur la zone d’origine mais avec des cépages qui ne sont pas nécessairement ceux de l’époque romaine.