Dans le vin, l’innovation se produit essentiellement au niveau de la révolution numérique et des nouvelles technologies. Alors même qu’il est sacralisé! En effet, avec ses valeurs fondées sur le terroir, la tradition et le savoir-faire, le secteur ne s’impose pas comme le milieu idéal pour innover. C’est en tout cas le cas lorsqu’on le regarde d’un point de vu extérieur. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité. Ces valeurs n’ont rien de contradictoires avec une volonté d’optimisation de la qualité ou de la quantité pour les producteurs, ou de simplification et de démocratisation pour le consommateur. Et l’émergence des nouvelles technologies est là pour accompagner ces volontés.
Les nouvelles technologies et les producteurs
Comme le souligne Quentin de Molliens dans Vin et Société, les nouvelles technologies offrent un gain de temps, et une utilité palpable et visible. Les vignerons ont besoin d’acquérir de la donnée, pour surveiller l’évolution de la vigne ou celle du vin dans les cuves. L’objectif derrière cette quête de data est d’optimiser la production tant en volume qu’en qualité. Et ces mécanismes vont permettre de comprendre ce qui se joue sur cette dernière. Quentin de Molliens souligne également que les producteurs de demain, issus de la génération Y, plus habitués au numérique et aux nouvelles technologies devraient encore davantage être porteurs de ces synergies.
En ce sens, les grands crus se posent en portes étendards de cette volonté d’innovation, comme l’explique Gilles Brianceau, directeur d’Inno’vin. En effet, grâce à leurs moyens financiers, il y a une volonté d’être à la pointe en multipliant les expérimentations. Bernard Magrez, propriétaire d’une quarantaine de domaines viticoles fut parmi les premiers à acquérir son propre drone pour survoler ses domaines. Le but : mesurer le nombre de ceps manquants, et la corrélation entre la vigueur des feuilles et la qualité des raisins. Dans le sillage de ces grands domaines, ce sont tous les plus petits qui sont entraînés pour ainsi optimiser leurs productions grâce aux nouvelles technologies.
Cependant, il existe également un frein psychologique important :la part de mystère, d’imprévisible autour du vin, qui fait son charme. Beaucoup des grands crus utilisant les nouvelles technologies pour optimiser leurs productions évitent de s’en féliciter. Ils préfèrent mettre en avant le patrimoine ou l’histoire de leur exploitation. Plus ces domaines se rapprochent du luxe, plus la mise en avant de leur savoir-faire est importante pour l’image du domaine. Une image et un savoir-faire supposés – à tort – incompatibles avec les nouvelles technologies.
Le numérique au service du consommateur
Mais ces nouvelles technologies dans le monde du vin viennent aussi en aide au consommateur, pour du conseil, de l’achat, de la conservation ou de la dégustation. Face au développement du numérique, on observe deux types de consommateurs.
Le consommateur « rationnel »
Ce consommateur est en recherche d’efficacité, de gain de temps et de compétitivité au niveau prix. C’est là où le numérique intervient pour lui. Il va pouvoir accéder à des solutions de recommandation. Ces dernières prenant de plus en plus de place dans la décision d’achat. Beaucoup d’applications du type “Trip Advisor du vin” ont vu le jour, pour accompagner le consommateur lors de son choix. En 2016, 1 français sur 3 a déjà acheté du vin sur internet. En outre, le numérique permet une désintermédiation du monde du vin. Le consommateur va pouvoir se rapprocher davantage du vigneron, grâce aux nombreuses solutions de vente en direct désormais proposés.
Le consommateur « sensible »
A côté du consommateur dit “rationnel” (et pas en face, les deux n’étant pas incompatibles), on pourra retrouver le consommateur « sensible », qui sera lui dans une recherche épicurienne d’authenticité, de contact humain, de naturel et d’expérience. Ainsi, il se dirigera entre autre vers l’œnotourisme. Le secteur se tourne, entre autres, vers la réalité augmentée pour faire découvrir la vigne et le vin. Toujours au service de ce consommateur « sensible », certaines start-ups vont se diriger vers les autres sens pour améliorer et/ou démocratiser l’expérience de la dégustation. Enfin, les nouvelles technologies vont aussi permettre un nouveau modèle relationnel. La suppression d’intermédiaire comme nous l’avons évoqué, va permettre de recréer une proximité entre le vigneron et le consommateur. Comme l’expliquait Quentin de Mollens, il existait une fracture entre le consommateur, citadin (la population étant de plus en plus urbanisée), et le viticulteur, rural, que le numérique aujourd’hui tente de combler.
Le vin fait donc sa mue sous l’impulsion du numérique. D’une part, au niveau de la production, où, portées par les grands crus, les nouvelles technologies aident à améliorer sa productivité. La révolution numérique se fait, d’autre part, également du côté du consommateur, qui se trouve mieux accompagné dans la sélection, l’achat, mais aussi l’expérience sensitive et humaine du vin. C’est la mission que s’est donné Aveine en développant son Aérateur de vin connecté, qui permet d’aérer précisément et instantanément tous les vins.