Arnaud Aucoeur du Domaine Aucoeur, dans « Parole de vignerons »

Aveine a eu l’honneur de visiter le domaine Aucoeur qui existe depuis 1825 à Morgon. Arnaud Aucoeur, vigneron, nous a accordé une interview pour nous en dire plus sur son domaine et son métier.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir vigneron ?

C’est avant tout une histoire familiale, car nous sommes vignerons de pères et fils depuis 1825. J’ai eu la chance de voir mon grand-père travailler les vignes, mon père travailler les vignes, travailler en cave. J’ai choisi de reprendre le domaine après des études supérieures : un BTS viticulture œnologie et ensuite un DNO, un Diplôme National d’Œnologue. J’ai pu voir la partie traditionnelle avec mon grand-père et mon père et après la partie plus technique à travers des études. 

Comment devient-on vigneron ? 

C’est une question assez complexe et il est pourtant facile d’y répondre à la fois. Aujourd’hui, un viticulteur, un vigneron, doit avoir plusieurs compétences. La première c’est naturellement au niveau de la vigne, la partie viticole. Il faut être capable de faire en sorte que votre raisin arrive à maturation. Aujourd’hui il faut beaucoup de compétences au niveau de la vigne, sur le travail du sol, on limite les désherbants, on limite les intrants, on arrive sur des notions de terroirs de plus en plus complexes.

Ensuite, vient la partie œnologique, la partie vinification. Aujourd’hui, tout ce qui touche au respect des terroirs, aux nouvelles techniques de vinification et toutes ces compétences s’acquièrent avec, pour ma part, un BTS viticulture œnologie, parfois un DNO derrière (Diplôme National d’Œnologue). Tout ça c’est la partie production. Ensuite, un vigneron doit être capable aujourd’hui de vendre son vin, et il faut avoir quelques notions commerciales pour pouvoir se développer commercialement sur la France, sur l’Europe et sur le grand export. Donc l’anglais me paraît nécessaire, pour être capable d’expliquer son travail. 

Quel est votre plus beau souvenir de vigneron ? 

Mon plus beau souvenir de vigneron, ça a été le moment où les trois générations de vignerons du Domaine Aucoeur étaient présentes : mon grand-père, mon père et moi-même. On a eu une petite période où, malgré le fait que mon grand-père ne soit plus en activité, il était toujours là et on a pu avoir cette transmission du savoir, cette transmission de l’expérience, qui est importante à mes yeux. Dans quelques années, le domaine va fêter ses 200 ans : 1825-2025. Je suis la 11^ème génération au domaine, et cette partie historique, cette partie transmission est pour moi extrêmement importante. 

Quel est votre vin préféré ?

Mon vin préféré, c’est naturellement le morgon ! Le morgon c’est le cru historique de la maison puisqu’avant, chaque domaine était basé sur son propre cru et le Morgon était le cru par excellence du domaine Aucoeur. On a la chance de posséder les meilleurs terroirs de l’appellation et donc pour moi sans conteste le morgon reste la base de notre activité. 

Un accord met/vin à nous proposer ?

Un accord met/vin avec notre morgon qui est un vin assez puissant, assez majestueux. Et qui avec les années va prendre du caractère. Un braisé de joue de bœuf me paraît assez intéressant avec un morgon qui a 2, 3, 4 ans. Tout simplement parce que le morgon va s’affirmer avec la viande et on aura un bel équilibre. 

Quel est pour vous l’engagement le plus important en tant que vigneron ?

En tant que vigneron et peut être en tant que vigneron du domaine Aucoeur, pour moi je dirais que j’ai deux engagements. Le premier c’est cette notion de transmission, cette notion générationnelle. Je suis la 11^ème génération, j’ai, « hérité » du domaine de mon grand-père, de mon père. Mes enfants aujourd’hui, s’orientent vers des études d’œnologie et de viticulture.  Donc ce premier engagement c’est de transmettre plus tard le domaine, d’essayer de l’embellir, d’essayer de faire en sorte que le domaine soit au mieux pour pouvoir le transmettre. Le deuxième engagement c’est le respect de notre terroir. En Beaujolais et particulièrement sur Morgon on a la chance d’avoir de magnifiques terroirs qui vont nous donner des vins exceptionnels et le respect du terroir est pour moi quelque chose d’important. Ça fera partie de mes engagements au cours de ces prochaines années. 

Quelle est la chose que vous préférez dans votre métier ?

Je dirais qu’on ne peut pas se réduire à une chose mais peut-être un ensemble de choses. La première c’est le relationnel avec les gens. quand vous produisez du vin vous avez une partie viticole et une partie vinicole, une partie de vigne et une partie de cave où il faut être excellent. Mais il faut aussi être capable de partager ce que l’on a produit et c’est cette partie relationnelle qui pour moi est importante, puisqu’on va parler de notre futur produit, il va falloir être capable d’expliquer ce que l’on a fait et faire découvrir le meilleur de notre production. 

Qu’est-ce que vous essayez de transmettre en produisant votre vin ?

Plusieurs choses. Le vin, vous l’avez compris, c’est quelque chose de vivant, on parle d’élevage. Donc le vin c’est avant tout un état d’esprit. Quand on va goûter un vin du domaine Aucoeur, on va reconnaître dans un premier temps les terroirs de la maison et ensuite la façon de vinifier de la maison et l’élevage du domaine. J’essaye de faire découvrir des vins différents, des vins avec du caractère, des vins avec du fruit, des vins que vous ne trouverez pas forcément ailleurs. Des vins un petit peu atypiques, c’est ce qui a toujours fait notre renommée depuis 1825. On va dire des vins de plaisirs, quand on ouvre une bouteille de la maison, quand vous ouvrez un Morgon par exemple de la maison Aucoeur, vous retrouvez le plaisir, le partage et une certaine convivialité.

Retrouvez « Parole de vignerons », les interviews de ceux qui font le vin, sur les réseaux sociaux et sur le blog d’Aveine.