Quelle est la place du vin en Chine ?

A l’occasion du nouvel an chinois, nous avons voulu nous pencher sur la place que tient le vin en Chine. En effet, quand on pense à la Chine, le vin n’est pas vraiment la première chose qui vient à l’esprit. La Chine est néanmoins un lieu de gastronomie et de traditions, et le vin a su se faire une place de choix dans la culture locale. D’ailleurs, l’histoire de la culture du raisin est ancienne au sein de l’Empire du Milieu, son développement est cependant très récent, et le pays est encore jeune en termes de savoir-faire et de culture viticoles. Mais son développement durant ces 40 dernières années a permis au vin de s’y implanter et de se développer. La Chine est aujourd’hui, l’un des pays les plus actifs sur le marché du vin.

L’histoire du vin en Chine

Les premières traces de la culture du vin en Chine remontent aux 1er et 2ème siècles avant notre ère. Cette culture y fut introduite via l’Asie Centrale, au sein de l’empire alors dirigé par la dynastie des Han.

La culture chinoise du vin va ensuite se développer très légèrement dans d’autres régions du pays, mais va principalement stagner durant de longs siècles. Seules les visites de marchands étrangers ou des accords commerciaux la feront évoluer.

Durant des siècles, cette culture restera endémique, et le raisin sera même souvent mélangé à d’autres breuvages pour créer des boissons locales, composées de plusieurs fruits.

Ce n’est qu’en 1922 qu’est créée en Chine la première cave de vinification. Cette création est le fruit d’une collaboration avec l’URSS, ce qui permet également l’introduction de nouveaux cépages, provenant d’Europe de l’Est, essentiellement de Bulgarie et de Roumanie. A cette période, la vigne va considérablement se développer en Chine, qui produisait jusque-là essentiellement des vins liquoreux, très sucrés et toujours mélangés avec d’autres fruits.

La production de vin en Chine

Jusque dans les années 80, la Chine produisait du raisin, dans le but de produire des vins de table modestes, et destinés au marché local. Depuis, beaucoup de vignes ont été plantées, sur de grandes surfaces.

Superficie

Le vignoble chinois va prendre véritablement son essor dans les années 80, lorsque le pays s’ouvre au monde. Entre les années 80 et 2000, la croissance du vignoble est de 4%, pour atteindre 453 000 hectares en 2000. Cependant, seulement 13% du vignoble est vinifié à cette époque, un chiffre extrêmement faible comparé aux autres producteurs dans le monde.

En 2016, la Chine possédait le 2ème vignoble mondial avec 875 000 hectares, derrière l’Espagne et devant la France. Elle est le 1er producteur mondial de raisin (19% de la production), et le 6ème producteur de vin au monde.

Carte du vin en Chine
Carte du vin en Chine

Qualité

Mais cette période de développement ne rime pas avec vin de qualité. En effet, la production est poussée vers la quantité, et non vers la qualité. Les consommateurs chinois n’hésitant d’ailleurs pas à « améliorer » leurs vins avec du soda.

Seules quelques grandes maisons s’associent avec des producteurs internationaux. C’est notamment le cas de la maison Dynastie Wangchao, qui s’associe dans les années 80 à la maison française Rémy Martin, et produira des cabernets sauvignon et merlots de grande qualité. Autre exemple, Beijing Winery qui s’associe avec Pernod-Ricard pour apporter le savoir-faire français et européen dans sa production.

Le vignoble chinois a une autre particularité : sa résistance aux maladies, notamment au mildiou. Ceci s’explique par son isolement, et lui permet donc d’être planté franc de pied, et non sur des porte-greffes américains, comme c’est le cas souvent en Europe.

Le vignoble chinois

Le territoire de la Chine étant immense, il offre une grande variété de climats et de milieux, donnant à la vigne tous les moyens de s’exprimer. La diversité des régions viticoles permet en effet à la Chine de produire des vins très différents en fonction des climats. Cependant, la plupart des vins blancs chinois sont des vins assez sucrés et aromatiques. Les vins rouges quant à eux, sont de nature assez tanniques et puissants, inspirés des vins de Bordeaux. Il est très souvent nécessaire de les aérer pour pouvoir les apprécier à leur juste valeur.

Importations et exportations

Importations

L’importation de vins étrangers fait concurrence à la production locale. Les importations de vins étrangers proviennent tout d’abord de « l’ancien monde du vin », essentiellement l’Europe, et les vins français pour leur image prestigieuse et de luxe. En 2010, les vins importés représentaient 20% de la consommation, et près du double en 2020. La tendance est donc très fortement à la hausse. La France est leader sur le marché chinois depuis 2010, avec près de 20% des parts de marché (2,3 millions d’hectolitres en 2018).

Les vins chiliens et australiens se font également de plus en plus une place chez le consommateur chinois. Leur accès est facilité par des droits de douanes très faibles, et des accords commerciaux avec ces pays. Ceci concurrence une nouvelle fois la production locale, incapable de produire des vins au même prix, d’aussi bonne qualité.

Il existe donc un paradoxe pour la Chine et ses producteurs :

  • L’équipement des producteurs locaux ne leur permet pas de pouvoir concurrencer les vins d’entrée de gamme chiliens et australiens.
  • Leur savoir-faire étant encore assez jeune, ils ne peuvent pas encore concurrencer les vins haut-de-gamme importés de France et d’Italie.

Exportations

Les professionnels chinois du secteur s’exportent aussi beaucoup, dans le but d’acquérir ce savoir-faire, ou pour diversifier leurs activités. En 2018, les Châteaux sous pavillon Chinois représentaient 3% des surfaces viticoles bordelaises.

L’exportation des vins chinois est, quant à elle, encore très faible. Les vins locaux ayant encore du mal à se faire une place dans leur propre pays.

La consommation de vin en Chine

La place du vin en Chine

En 2011, la Chine est devenue le 5ème consommateur de vin dans le monde, avec 1,9 milliards de bouteilles achetées, soit 1,5 litre par an et par habitants. On est encore loin du niveau de consommation des Français (50 litres par an et par habitants), mais la population énorme de ce pays le fait remonter dans les statistiques. Malgré les prédictions, en 2020, la Chine est toujours le 5ème pays consommateur de vin au monde.

Ce qui est paradoxal, c’est que sa surface viticole augmente (2ème surface au monde), mais sa production de vin, elle, diminue depuis 2018. Une tendance générale se dessine depuis cette période : la baisse de la production, de la consommation et des importations. Seule la surface viticole augmente.

La place de la Chine dans le monde du vin

Suite à l’ouverture du marché en 1980, le vin s’était fait une place de choix en Chine, et s’était développé à vitesse grand V, jusqu’à ce coup d’arrêt depuis 2018. Cette stabilisation de la consommation peut s’expliquer par différentes raisons.

  • La Chine n’est pas un pays d’amateurs de vins, même si la tendance est à la hausse. Les Chinois ont plus l’habitude de consommer des alcools de graines et des spiritueux.
  • La prise de pouvoir de Xi Jinping en 2013, et sa lutte contre la corruption et les signes de richesse ont également freiné la consommation. Le vin étant une boisson noble en Chine, certains consommateurs ont stoppé leur consommation, par peur de représailles.
  • Enfin, cette stabilisation est aussi explicable macro économiquement. En effet, les études démontrent qu’après une grande période de développement, une stabilisation du marché est souvent observée. C’est donc le cas pour le marché du vin en Chine, stabilisé depuis maintenant 3 ans.

Qui est le consommateur Chinois ?

Le consommateur chinois est plutôt jeune, entre 30 et 40 ans, et possède un pouvoir d’achat assez élevé. Il bénéficie d’un statut social élevé, et souhaite donc consommer du vin haut de gamme et de grande qualité. Le vin est un marqueur social fort en chine, et permet de se démarquer de la bière par exemple.

En 2019, le marché chinois du vin représentait 2% des boissons alcoolisées en Chine. En comparaison, la bière représentait 40% de ce marché.

La plupart des consommateurs se situent dans les grandes mégalopoles chinoises, là où le statut social est important, et où l’ouverture sur le monde est la plus forte. Hong-Kong est devenu la plaque tournante du vin en Asie, et beaucoup d’acheteurs locaux s’installent dans la cité-État pour faire du commerce de vin.

Les Chinois achètent surtout du vin pour l’offrir en cadeau ou pour afficher leur niveau d’éducation et de richesse.

Le vin pour le nouvel an chinois

Le vin en Chine pour le Nouvel an chinois

En Chine, on consomme principalement du vin rouge. Tout d’abord parce que le vin rouge est signe de vin de qualité (notamment ceux de Bordeaux). Mais c’est aussi du au fait que la couleur rouge est symbole de bonheur, de puissance et de fortune en Chine.

Pour les fêtes du nouvel an, les Chinois consomment principalement des vins haut de gamme, donc étrangers, qu’ils fêtent le nouvel an en Chine ou ailleurs dans le monde. Les vins locaux étant réservés à des événements moins importants ou à la consommation quotidienne. Les vins consommés durant les célébrations du Nouvel an sont donc assez multiples et dépendent beaucoup du statut social des consommateurs.

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