L’année 2020 touche à sa fin… Et si elle n’a pas été de tout repos pour beaucoup d’entre nous, il en a été de même pour le monde du vin. Que ce soit la pandémie de Covid-19, la taxe Trump aux États-Unis, ou les incendies, ce millésime 2020 a été marqué par de nombreux d’événements. Voici une rétrospective de cette année aux chiffres évocateurs 20-20 (vin-vin) dont on pensait qu’elle serait plus propice au monde du vin…
Coup de chaud et taxes sur le vin
Janvier – Février
Les incendies en Australie
Cette année a commencé fort pour les vignobles d’Australie, qui ont été durement touchés par des incendies dévastateurs. Ce sont les vignobles du Sud, vers Adelaïde qui ont été le plus touchés, avec près de 2 000 hectares de vignes partis en fumée, soit une soixantaine d’exploitations. De plus, ces incendies sont survenus quelques semaines seulement avant les vendanges locales. C’est donc le travail de toute une année qui a brûlé pour certains vignerons. Environ 30% des vignes de cette région ne donneront pas de bons résultats cette année. D’une part à cause des destructions par le feu mais aussi à cause des dommages causés par les fumées.
De nouvelles taxes sur le vin en 2020 ?
En Europe, l’inquiétude des producteurs grandit, au sujet des marchés d’export. En effet, le Brexit et la taxe Trump aux USA risquent de chambouler ce commerce, d’habitude assez lucratif pour les vignerons, notamment français. Pour rappel, la nouvelle régulation du gouvernement de Donald Trump prévoit le rehaussement de la taxe à l’entrée du territoire américain, à 25% du prix des marchandises. Cette nouvelle taxe est entrée en vigueur en octobre 2019, mais ses effets ne se font ressentir qu’en ce début d’année par les vignerons.
Le confinement : saison 1
Mars – Avril
Le Covid-19 fait son arrivée en Europe, et avec lui les annulations des différents salons et rassemblements autour du vin. Cela fut notamment le cas du ProWein de Düsseldorf, l’un des plus grands salons au monde (le plus grand en Europe), qui a dû annuler son édition 2020. Les annulations de ces salons, véritables vitrines pour beaucoup de métiers de la vigne, sont un gros coup d’arrêt en ce début d’année.
Mi-mars le confinement est décrété en France. Si les cavistes sont considérés comme des commerces essentiels et ont pu rester ouverts, la période fut moins évidente pour les restaurateurs, qui ont dû fermer leurs portes durant de longue semaines. Ces fermetures ont donc eu un impact sur les commandes de vins auprès des producteurs.
En revanche, la plupart des sites de ventes en ligne de vin ont réalisé un excellent chiffre d’affaire durant cette période. Ce début de crise sanitaire n’a donc pas trop affecté les revendeurs en lignes de vin en France et en Europe.
La sortie du confinement
Mai – Juin
Le monde sort peut à peu de sa torpeur, l’activité s’adapte et semble reprendre. On voit aussi apparaitre des élans de solidarité dans le monde du vin.
- Idealwine a récolté 134 626 € au profit du collectif « Protège ton soignant », lors d’une vente aux enchères.
- La Maison Billecart-Salmon et Millésima s’associent pour soutenir la Fondation des Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France.
- Des producteurs de Bordeaux organisent une vente aux enchères solidaire au profit des hôpitaux de leur région.
- Aveine fonde le Collectif21 pour soutenir les vignerons en difficulté pendant la crise en leur donnant de la visibilité.
Un été très chaud
Juillet – Aout
L’année assez douce a permis aux différents vignobles de France et d’Europe de bien se développer, sans trop de gels, ni d’orages de grêle. Les professionnels du secteur sont unanimes : ce millésime 2020 devrait être réussi. Les producteurs n’ayant que très peu été impactés par la crise sanitaire, ils ont pu également continuer leur travail sur la vigne, et ainsi nous préparer un millésime qui s’annonce excellent.
Le démarrage des vendanges a donc été plus précoce que les années précédentes, et a commencé dès la mi-août dans certaines régions du sud de l’Europe.
Au niveau du tourisme lié au vin, l’été 2020 en France aura finalement été une assez bonne période pour certains acteurs du vin, notamment de l’œnotourisme et les cavistes. Les français ont pu partir en vacances et se déplacer en France. Seul le manque de touristes étrangers s’est fait ressentir en France, dans ce secteur.
Septembre
C’est le retour des incendies ravageurs. Cette fois-ci, c’est l’Amazonie, la Californie et le sud des États-Unis qui sont touchés, avec des incendies aussi dévastateurs que ceux du début d’année en Australie. Plusieurs exploitations ont été détruites. C’est le cas du vignoble Signorello Estate et de l’exploitation de vins biologiques Frey, notamment.
Du côté financier, finalement, la taxe imposée par les Usa sur le vin européen aura déjà engendré plus de 500 millions d’euros de préjudice. Un montant qui est largement au-dessus des estimations à l’année.
La publication des chiffres de l’OIV
Octobre
Le 27 Octobre 2020, Paul Roca, directeur de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin, a donné lors une conférence en ligne, dû à la situation sanitaire, les chiffres des productions de cette année 2020. Voici ce qu’il fallait en retenir :
- L’OIV estime la production mondiale à 260 millions d’hectolitres de vins, soit une production assez stable par rapport à 2019 (256 millions d’hl).
- Au sein de l’Union européenne, la production est estimée à 160 Millions d’hectolitres, soit 5% de plus que l’année 2019.
- L’Italie, premier producteur mondial en 2019 recule de 1% (47 Mhl). La France, elle, 2ème producteur mondial augmente de 4% (44 Mhl). L’Espagne, 3ème producteur mondial, fait un bond de 11%, avec 37 Mhl produits. La production de ces 3 pays représente presque la moitié de la production mondiale, avec 49%.
- En dehors de l’Europe, les USA observent une hausse de 5% de leur production, avec 25 Mhl produits. La Chine en revanche stagne à 8 Mhl produits.
- Dans l’hémisphère sud, c’est la plus faible récolte depuis 15 ans, selon l’OIV, avec 21% de la production mondiale. Les 4 leaders de cet hémisphère sont l’Argentine, l’Afrique du Sud, l’Australie et le Chili, avec environ 10 Mhl produits.
Cette stabilisation de la production peut s’expliquer par différentes raisons :
- La volonté des producteurs de ne pas accroître leurs volumes produits, en raison de la crise du Covid-19.
- L’impact des sécheresses et des feux de forêt, dans certaines régions du monde. L’Argentine a par exemple vu sa production baisser de 17%, à la suite de divers aléas climatiques. Le Chili également, avec une réduction de 13% par rapport à 2019. Enfin, l’Australie, gravement touchée par les feux de forêt en début d’année a vu sa production finale baisser de 11%.
Le confinement : saison 2
Novembre
L’année fut très bonne pour le vignoble bourguignon : pas de gel, pas de maladies, et une année très ensoleillée. Des vins de grande qualité sont donc prévus. Cependant, l’épidémie de coronavirus, les différentes interdictions de rassemblement et la fermeture des restaurants, en Europe et dans le monde, risquent d’impacter les ventes, malgré la qualité du millésime. Seule la consommation a domicile reste stable, voir à la hausse du fait de la crise sanitaire.
Pendant ce temps aux Etats-Unis, un nouveau président est élu, un espoir peut-être pour un retour sur la taxe Trump…
Le Beaujolais change ses habitudes
Cette année, les amoureux du Beaujolais Nouveau sont privés de leurs bistrots et restaurants pour fêter la sortie du millésime 2020. Les cavistes et restaurateurs s’organisent pour proposer le précieux nectar à emporter ou en livraison.
Le paradoxe de 2020
Décembre
Ce mois de décembre sera marqué par un allègement du confinement, mais également par des fêtes de fin d’année en cercle plus restreint. La consommation au foyer n’ayant pas beaucoup diminué du fait de la crise sanitaire. Les professionnels du secteur espèrent donc que ce Noël sera quand même dignement fêté avec des belles bouteilles de vin et de Champagne. Les festivités du nouvel an en revanche, n’auront pas le même traitement de faveur que Noël, ce qui n’est pas forcément une très bonne nouvelle pour le secteur.
Finalement, 2020 est une année assez paradoxale pour le monde du vin. En effet, le millésime 2020 tient toute ses promesses, et risque fort d’être une grande année pour le vin. En revanche, l’année commerciale, elle, fut fortement impactée par la crise sanitaire mondiale, et certains métiers du secteur auront du mal à s’en relever.