Dans cet article, nous allons aborder un thème tristement d’actualité : les incendies qui ont touché le monde du vin. Nous verrons les différents impacts que peuvent avoir les incendies sur les vignes et le vin. Malheureusement le constat que nous allons dresser est plutôt sombre…
Constat
Ces derniers mois, les incendies ont ravagé une partie des vignobles de la Napa Valley, la plus mythique région viticole des États-Unis. De prestigieux et magnifiques domaines réputés comme Castello di Amorosa, Signorello Estate, Newton Vineyard ou encore Château Boswell, ont subi des incendies particulièrement virulents, baptisés « Glass Fire ». Touchés par les flammes, les dégâts ont été considérables, tant au niveau des infrastructures que des vignes.
Les domaines mettront probablement des décennies à se remettre de ces lourdes pertes sur cette année 2020. Une année où nous avons l’impression que, décidément, le sort s’acharne ! Mais plus que le mauvais sort, ce thème revient dans l’actualité invariablement chaque année, et dans de nombreux pays. Force est de constater que ce sont actuellement les États-Unis et l’Australie qui en payent le plus lourd tribut.
Les origines des incendies
De toute évidence, des températures élevées durant une longue période sont parmi les conditions propices à un départ de feu. Dans un environnement composé de végétaux, avec des vents secs et soutenus, l’atmosphère devient de plus en plus sèche. Ainsi, la moindre étincelle occasionnera un départ de feu, qui, attisé par les vents, deviendra très rapidement incontrôlable. Chaque année, en France et partout dans le monde, des milliers d’hectares partent ainsi en fumée.
S’il est évident que les incendies peuvent survenir accidentellement, ils peuvent aussi être provoqués par des individus malveillants. Et si l’on peut difficilement prévoir ce genre de comportement d’une inconscience rare, un peu de prévention pourrait éviter les incendies accidentels, qui sont bien souvent le résultat de négligences. Une simple étincelle suffit dans certaines conditions. Veillons donc à ne pas être à l’origine d’un départ de feu !
Les causes des incendies
Le réchauffement climatique de ces dernières années accentue ces conditions, il faut le reconnaître. A mesure que les températures moyennes augmentent, le risque se décuple et les probabilités d’incendies augmentent.
Mais quelles sont les conséquences de ces incendies sur la filière viticole ?
Les effets immédiats des incendies sur les vignes, les vins et les vignobles
Vignes détruites
L’impact immédiat est assez évident à dresser. Toutes les vignes qui ont brûlé sont mortes. Celles qui ont été soumises à des températures élevées auront plus ou moins souffert. Leur durée de vie peut en être altérées, de même que la qualité des raisins produits.
Qualité des raisins et du vin altérée
Les raisins parlons-en, car il s’agit là d’un impact auquel nous ne pensons pas au premier abord. Dans le cas de grands incendies, d’importantes fumées peuvent recouvrir une très large zone. Des cendres et autres particules sont ainsi déplacées jusqu’à des centaines de kilomètres. Cela peut affecter les températures, mais ce sont surtout les dépôts transportés qui auront un impact sur les vignes.
En effet, ces particules, portées par les vents, peuvent parcourir de longues distances pour finir sur les peaux des raisins. Si celles-ci sont chaudes, elles dégraderont instantanément le raisin. Mais si celles-ci sont froides elles auront également un impact négatif sur le vin produit à partir de ce raisin. Car les particules se fixent sur la peau des raisins, et peuvent même les traverser !
On risque donc de se retrouver avec des raisins impropres à la consommation, et avec un vin au déplaisant goût de cendre.
Infrastructures viticoles détruites par les incendies
En plus des vignes ce sont les infrastructures de la propriété qui peuvent avoir été endommagées, occasionnant des dégâts sur la propriété, mais potentiellement sur les millésimes précédents encore en élevage, voire tout le stock de la propriété ! Une véritable catastrophe !
Pertes de marché
Une importante partie de la récolte 2019 en Australie a donc été impactée, une chose qui peut être catastrophique pour la viticulture du pays mais aussi pour son économie.
Car l’Australie et les Etats-Unis exportent chaque année des millions d’hectolitres de vins à travers le monde pour alimenter certains marchés clés. Le spectre de ne pas pouvoir remplir les termes de son contrat est donc grand, et la concurrence internationale veille…
Les effets des incendies sur le long terme
Sur le long terme les effets sont au moins aussi catastrophiques, pour ne pas dire plus.
Perte d’identité
Il va falloir replanter des vignes, ce qui peut être absolument désastreux pour certains vignobles ayant des vieilles vignes. L’Australie est d’ailleurs mondialement réputée pour ses vignes centenaires de Shiraz dans la Barossa Valley. Il existe même une classification selon leur âge « la Barossa Old vine charter ».
Un vignoble peut donc perdre du jour au lendemain plus d’un siècle d’histoire, pour ne pas dire son identité.
Coût de replantation après un incendie
Il faudra aussi repartir de zéro, retravailler les sols, replanter des vignes qui ne produiront durant leurs premières années que des raisins aux concentrations d’arômes plus modestes. Et les systèmes d’irrigation (s’il y’en avait) auront probablement été eux aussi endommagés, ce qui rajoute un coût au bilan du sinistre.
La concurrence peut (et va) en profiter
Nous avons vu que le risque de perdre des marchés est énorme. Cela sera l’opportunité pour les concurrents de reprendre la main et de pouvoir distribuer les quantités que ces sinistrés ne sont plus en capacité de tenir. Une menace particulièrement valable sur les marchés de gros volumes et dans notre contexte de mondialisation avec une concurrence qui peut être particulièrement agressive.
L’image peut en souffrir
Si les producteurs touchés se laissent tenter à produire tout de même un vin mais que celui-ci se retrouve être de qualité médiocre (avec un gout de cendre par exemple) cela pourrait affecter durablement la réputation de ses vins, voire du pays dans son ensemble. Souvenons-nous du célèbre adage de Warren Buffet : « Il faut 20 ans pour construire une réputation, et cinq minutes pour la détruire ».
Les autres risques
De nombreux autres risques planent sur les vignobles du monde entier et évoluent à mesure que les saisons se succèdent. Les changements climatiques bouleversent les choses et de nombreux phénomènes s’accentuent : gel, grêle, maladies et virus, sécheresse, etc… La vie d’un vignoble n’est pas un long fleuve tranquille et les nerfs des vignerons sont, chaque année, mis à rude épreuve.
Comment éviter les incendies ?
Prendre conscience de l’importance de nos actions
Nous n’allons pas vous dire qu’il faudrait évidemment que tout le monde prenne conscience de l’importance de changer nos comportements pour limiter le réchauffement climatique. Nous serons plus pragmatiques. Certaines régions et pays producteurs de vin sont plus exposés que d’autres. Et malheureusement il n’existe pas de solution miracle contre un incendie. En revanche, il existe des moyens de les prévenir, en bannissant les pratiques à risques. Ces choses-là font appel à notre bon sens et à notre prudence ; exit donc les cigarettes jetées de notre voiture, les barbecues organisés dans des conditions caniculaires, ou encore utiliser un véhicule ou tout type d’engin à moteur à proximité immédiate d’une végétation dense durant les périodes de sècheresse extrême (dans une forêt par exemple).
Disséminer les cultures
Comme nous l’avons vu, les incendies semblent inévitables. Mais pour anticiper les pertes qu’ils pourraient occasionner dans les vignes, peut-être que disséminer des vignobles dans différentes régions pourrait s’avérer être une alternative à envisager. Mais la logistique et les coûts rendent cette opération extrêmement complexe à mettre en œuvre.
Pourtant, cette alternative peut et va permettre de limiter les dégâts à une partie de l’industrie viticole touchée en Australie en l’occurrence. Les vins produits en large volume se basent en effet sur des assemblages provenant de différentes régions viticoles. C’est le cas du célèbre Yellow Tail dont le succès est mondialement reconnu, et qui au passage a fait un don de 1 million de dollars pour soutenir son pays, l’Australie. Mais c’est aussi le cas des grandes références américaines.
En revanche pour tous les vignobles désignés produisant des vins bien spécifiques, pas de recours possible.
Et après ?
Une fois que le mal est fait, il reste à se serrer les coudes pour reconstruire les choses et aider ceux qui ont tout perdu. Les collectifs d’entraides existent et c’est dans ce genre de moments que de belles initiatives peuvent émerger. Des cagnottes en lignes sont organisées, ainsi que des appels aux dons.
Chez Aveine nous avons lancé le Collectif21 pour soutenir les vignerons à promouvoir leurs produits. Cette initiative a vu le jour durant le confinement mais nous n’hésiterons pas à réitérer ce genre d’actions et à l’élargir dès que le besoin s’en fera sentir. Si des vignerons touchés par les incendies lisent ce billet, n’hésitez pas à contacter le collectif pour que nous puissions vous soutenir, car nous sommes de tout cœur avec vous !
